Le journal nigérien Aïr Info a donné l’alerte durant le week-end : “Une femme d’origine européenne a été enlevée, ce samedi 11 janvier 2025 vers 19 heures, par des hommes armés, à bord d’un véhicule V6, dans la commune urbaine d’Agadez.” C’est dans cette ville saharienne, dans le centre du Niger, que l’Autrichienne Eva Gretzmacher, dont Aïr Info a dévoilé l’identité le 12 janvier, avait posé ses valises voilà quelques décennies. Arrivée d’Algérie, elle était devenue une “figure emblématique” de la ville grâce à son “engagement social” et une “personnalité très respectée”.

“Résidente d’Agadez depuis vingt-huit ans, Eva Gretzmacher, 73 ans, […] a créé un centre de compétences en 2010, menant divers projets, notamment dans les domaines de l’éducation, de l’autonomisation des femmes, de l’écologie, de la culture et de l’art”, résume le site d’info nigérien.

Il détaille également le rapt survenu à son domicile. Le gardien d’Eva Gretzmacher aurait été sommé d’ouvrir la porte par ses ravisseurs, armés. L’Autrichienne a ensuite été “embarquée de force dans un véhicule de type Toyota pick-up Land Cruiser V6”.

“L’enlèvement de cette Autrichienne, profondément intégrée à la culture nigérienne, a ému la communauté d’Agadez.”

‘C’est une Nigérienne qu’ils ont enlevée’, a réagi un internaute qui la connaît très bien”, relaie le site Les Échos du Niger. “Une Nigérienne et une sœur”, renchérit un artisan d’Agadez qui aurait bénéficié de son appui, également cité par ce média. Et d’affirmer que les autorités nigériennes sont “mobilisées pour la retrouver”.

Le ministère des Affaires étrangères autrichien a confirmé son kidnapping, et il déclare travailler aux côtés de la délégation de l’Union européenne au Niger et des autorités locales, indique la BBC.

“Captive du désert”

Les autorités nigériennes n’ont pas encore communiqué sur cet enlèvement. Aucune revendication n’a par ailleurs été émise par les groupes djihadistes affilés à Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) ou au groupe État islamique. En 2021, ajoute Aïr Info, “Eva avait déjà fait l’objet de menaces d’enlèvement, ce qui laisse supposer qu’elle était une cible de longue date”.

Le titre autrichien Kurier avait consacré en 2018 un portrait à cette Viennoise, “l’une des quatre Européennes qui vivent en permanence à Agadez”. Elle y avait construit sa maison, “ne [différant] de celles de ses voisins que par le fait que ses murs en terre (faits d’argile, de bouse de chèvre et de paille) sont en bon état – et qu’il n’y a pas de sacs en plastique qui traînent”.

“C’est un travail de Sisyphe, non seulement [pour] les poubelles mais aussi [pour] la façade, qu’il faut replâtrer après chaque pluie”, soupirait Eva Gretzmacher. Dormant dehors, près de ses chèvres, organisant des projections de film, des formations à la couture, elle avait déclaré à Kurier : “Le désert me retient captive.”