Alsace Budget 2025 : la Collectivité européenne d’Alsace appelée à se réinventer

L’exécutif de la Collectivité européenne d’Alsace prépare les esprits à une révision de certaines de ses politiques pour faire face à la crise budgétaire qui frappe le pays. L’opposition fustige ces orientations financières. Des voix dans la majorité appellent à faire évoluer le modèle.
Olivier Claudon - 10 févr. 2025 à 20:04 | mis à jour le 11 févr. 2025 à 21:51 - Temps de lecture : 3 min
Séance plénière de la Collectivité européenne d’Alsace, le 10 février 2025 au siège, à Colmar.  Photo Olivier Claudon
Séance plénière de la Collectivité européenne d’Alsace, le 10 février 2025 au siège, à Colmar.  Photo Olivier Claudon

Maintenant que le pays dispose d’un budget, la Collectivité européenne d’Alsace va pouvoir affiner le sien. C’est en substance ce qu’a résumé la vice-présidente aux finances de la CEA ce lundi à l’occasion du débat d’orientations budgétaires. Lara Million a rappelé le choix politique qui a consisté à décaler les étapes budgétaires, qui ont habituellement lieu en novembre et décembre, pour tenir compte des évolutions nationales.

300 millions d’euros de marges de manœuvre perdus

Et dans cet intervalle, « 71 réunions, 170 politiques passées au crible » assure Lara Million. Avec à la manœuvre, pour dessiner le visage budgétaire de l’année qui vient de commencer, le Comité exécutif (Comex) c’est-à-dire, autour du président Frédéric Bierry, les vice-présidents et les présidents des deux groupes de la majorité. Les détails du futur budget ne sont pas tous arrêtés. Alors le débat d’orientations budgétaires, comme son nom l’indique, cause d’orientations, sans trop de précisions.

« Un budget robuste, solide », assure Frédéric Bierry, qui parle de principe de précaution au regard de la marche du monde. Sa collectivité a perdu 300 millions d’euros de marges de manœuvre ces dernières années (sur un budget d’un peu plus de 2 milliards) et cela représente 90 millions d’euros à trouver pour le budget 2025.

Le discours de l’exécutif consiste à assurer qu’il va maintenir son action sur ses politiques prioritaires (enfance, grand âge , accidents de la vie), lever le pied notamment dans les champs culturels, sportifs ; mais aussi réduire les investissements et augmenter la dette.

« Nous tenons notre cap »

Une stratégie revendiquée par la majorité : « nos politiques publiques sont passées au crible et c’est parfois un crève-cœur pour les collègues que de revoir à la baisse telle ou telle action. Nous tenons notre cap », explique Nicolas Jander, le patron du groupe centriste, quand son homologue du groupe LR Philippe Meyer explique qu’il faudra « pondérer certains dispositifs, mais nous n’abandonnons en aucune façon nos politiques volontaristes, porteuses de sens ».

« Fanatisme austéritaire » balaie le président du groupe d’opposition Alsace écologiste et citoyenne Florian Kobryn, qui a fustigé à l’adresse de la majorité, « la violence de vos choix politiques contre le service public et votre indifférence au sort de celles et ceux qui ont besoin de la puissance publique ». Ses collègues de l’opposition Ludivine Quintallet et Fleur Laronze craignent une forte baisse des fonds alloués au fonctionnement de la collectivité et aux acteurs de l’insertion.

Plus que de simples arbitrages budgétaires ?

Certains élus de la majorité demandent toutefois un peu plus que de simples arbitrages budgétaires pour l’année commencée. « Les temps de crise sont l’occasion de s’interroger, de se réinventer, de questionner nos modèles » dit Victor Vogt. Raphaël Schellenberger, lui, estime que « limiter cette discussion au niveau d’autofinancement ou à la durée de désendettement ne suffira pas à réinventer en profondeur l’action publique du XXIe  siècle ».

Le projet de budget 2025, ses détails et « le modèle » qu’ils traduisent seront débattus le mois prochain.