Alsace Après la condamnation de Marine Le Pen, le RN Alsace se mobilise et revendique un bond des adhésions

En prélude aux manifestations prévues ce dimanche, le RN Alsace assure avoir enregistré un bond de près de 7 % du nombre de ses adhérents depuis la condamnation lundi de Marine Le Pen. Reste l’embarras de ses cadres à « affronter » le fond de cette décision judiciaire.
E.D. - 06 avr. 2025 à 06:00 | mis à jour le 07 avr. 2025 à 21:39 - Temps de lecture : 3 min
Des militants du RN tractent pour Marine Le Pen au marché de Saint-Louis ce 5 avril.  Photo Jean-François Frey
Des militants du RN tractent pour Marine Le Pen au marché de Saint-Louis ce 5 avril. Photo Jean-François Frey

Président de la fédération alsacienne du Rassemblement national (RN), Christian Zimmermann assure avoir enregistré un afflux inédit d’adhésions depuis la condamnation en première instance de Marine Le Pen à une peine de quatre ans de prison (dont deux avec sursis et deux sous bracelet électronique), 100 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité avec application immédiate.

Vague d’adhésions

« Nous en avons reçu plus de 200 adhésions en trois jours, venues de toute la région ! », se réjouit l’intéressé, qui veut voir là le signe que « les Alsaciens sont attachés à la démocratie ». Précision utile : le RN Alsace revendiquait jusqu’alors quelque 2 900 adhérents, aussi ce brusque afflux, s’il est vérifié, correspondra-t-il à une hausse de près de 7 % des effectifs régionaux du parti d’extrême droite. S’il affiche aujourd’hui sa satisfaction, Christian Zimmermann était nettement moins disert lundi dernier, qualifié par lui de « jour noir pour la démocratie ». Même état d’esprit chez Théo Bernhardt, unique parlementaire alsacien du RN, fustigeant le même jour « une grave atteinte à la démocratie, orchestrée par la dictature des juges ».

Les frontistes alsaciens, nombreux à tracter en vue des manifestations annoncées ce dimanche, restent cependant bien seuls à protester au niveau régional. De fait, à gauche, au centre ou à droite, l’immense majorité des responsables politiques alsaciens s’abstient jusqu’ici de tout commentaire et les rares qui le font prennent d’abord la défense de la justice. Ainsi de la sénatrice (LR) du Bas-Rhin Elsa Schalck, « retweetant » ce lundi le message du garde des Sceaux, Gérald Darmanin : « Les menaces proférées contre les magistrats du tribunal judiciaire de Paris sont inacceptables dans une démocratie et préoccupantes pour l’indépendance de l’autorité judiciaire ». « Incroyable !, renchérit sur Facebook l’ancien maire (PS, puis Place publique) de Kingersheim, Jo Spiegel. Quand il s’agit d’un cambriolage, on dénonce le cambrioleur […]. Quand il s’agit d’agression, on dénonce l’agresseur… Et quand il s’agit de corruption et de détournement de fonds publics, on dénonce le juge ! »

« Des faits accablants »

Même angle d’attaque chez le député (LFI) du Bas-Rhin Emmanuel Fernandes, interviewé en milieu de semaine par nos confrères d’Ici Alsace (ex-France Bleu) : « Les faits sont absolument accablants, plus de 4 millions d’euros d’argent public détournés. Alors que certains dénoncent la “tyrannie des juges” […], le parti qui se vantait d’être “tête haute et mains propres” est désormais pris dans ses contradictions. Le RN est un parti de voleurs, qui a allègrement détourné des sommes vertigineuses d’argent public […], voilà la vérité ! »

Plus sobre, sa collègue Sandra Regol (Les Écologistes, Bas-Rhin) s’élève pour sa part contre une possible justice à deux vitesses : « Marine Le Pen demande à la justice de “hâter” [pour permettre la tenue d’un procès en appel, N.D.L.R.], écrivait-elle mercredi sur Facebook. Pourquoi devrait-elle passer avant les autres ? » Une question à laquelle le RN Alsace, malgré des effectifs soudain plus nombreux, n’a jusqu’ici pas répondu.

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