Abécédaire de l’insoumission
Paul Watson, grand défenseur des baleines et des dauphins globicéphales, vient de rejoindre Marseille, après avoir été emprisonné au Groenland pendant cinq mois. Il a déclaré, après avoir été accusé de façon totalement farfelue d’écoterrorisme, qu’il allait « affronter Interpol sur le plan politique et juridique, pas seulement pour moi, mais aussi pour les centaines de personnes, activistes ou lanceuses d’alertes, victimes du détournement de la notice rouge d’Interpol à des fins politiques et qui sont traquées par des gouvernements ». Car tel est le sort dévolu à certains « activistes » : être pourchassé par la police internationale et les États alors qu’ils défendent l’intérêt général.
Dans son Répertoire des subversions. Art, activisme, méthodes, Martin Le Chevallier (La Découverte, 2024) classifie toutes les actions, parodiques ou non, non violentes, permettant aux citoyens de se rebeller au nom de l’intérêt public. Seule règle : inventorier les premières occurrences connues.
Dans le palmarès figurent bien sûr les actions « dénudées » : « être nu » demeure l’acte le plus subversif et le plus vulnérable : hommes et femmes se dénudent dans la rue pour manifester contre l’accaparement des terres, les conflits guerriers, les phénomènes de censure, les emprisonnements autoritaires, etc. Tout ce qui renvoie au corps est souvent sollicité : se couper les cheveux ou à l’inverse les montrer, être trop moustachu, « se désépiler », « couper sa natte » comme en 1851 lorsque les révolutionnaires précommunistes Taiping la coupent alors qu’elle est obligatoire pour les hommes depuis le XVIIe siècle.
Il y a également toutes les actions « furtives » qui renvoient à l’acte de hacker, de squatter, de parasiter (des chauffages, un logement, une école, des voitures, le marketing, un débat politique). L’acte de « parodier » est par essence une déconstruction et une résistance : « parodier des messes », comme aux XIIe et XIIIe siècles en Europe des clercs itinérants, appelés goliards ou clercs vagants, dénoncent les abus de l’Église en organisant des messes parodiques : messes de buveurs, messes de joueurs, sermons bachiques.
Mais également « parodier la guerre », comme en 1837 alors que la ville de Mayenne est occupée tour à tour par les armées prussienne et autrichienne, la population pastiche les exercices militaires lors de parades burlesques ; ou encore « parodier les concours », quand les étudiants de l’école normale supérieure pratiquent dans les années 1940 des concours fantaisistes.
Parfois, l’acte est transgressif de façon assez contre-intuitive, comme cette action de « réparer » l’horloge du Panthéon. En 2005, alors qu’elle est en panne après un sabotage dans les années 1960, un groupe la restaure gratuitement et clandestinement. Le Centre des monuments nationaux portera plainte… Heureusement le tribunal classera l’affaire.
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