Suppression de budgets scolaires, envoi d’exilés à Guantanamo, rétropédalage sur les aides publiques… Ce que contient la nouvelle salve de décrets de Donald Trump

Donald Trump a signé un décret, mercredi 29 janvier, supprimant le financement pour les écoles sensibilisant au racisme et à la transphobie. Il a également annoncé transformer la prison de Guantanamo en centre géant de rétention, ou durcir des mesures de détention pour des personnes sans-papiers. Enfin, une confusion sur la volonté de geler les aides publiques a également été menée par l’administration Trump.

Le président milliardaire et xénophobe Donald Trump a signé une nouvelle salve de décrets réactionnaires après avoir déjà signé, lundi 27 janvier, un décret qui ouvre la voie à l’exclusion des personnes transgenres des forces armées.

Le lendemain, le Maison Blanche indiquait, via un autre décret, mettre fin aux aides publiques pour les traitements de transition de genre des mineurs, chimiques comme chirurgicaux.

Trump veut priver de financement des écoles enseignant la « théorie critique de la race »

Mercredi 29 janvier, Donald Trump a mis fin, par décret au financement des écoles publiques enseignant la « théorie critique de la race », soit les écoles qui sensibilisent les élèves au racisme. Il a également gelé les fonds destinés aux écoles qui abordent les sujets liés à la transition de genre avec leurs élèves.

« Ces dernières années, des parents ont vu des écoles endoctriner leurs enfants dans des idéologies radicales et antiaméricaines tout en bloquant délibérément le contrôle parental », a fait valoir le président Trump dans son décret intitulé « Mettre fin à l’endoctrinement radical » dans les écoles.

« Un tel environnement fonctionne comme une chambre d’écho, dans laquelle les élèves sont forcés d’accepter ces idéologies sans poser de questions ni procéder à un examen critique », a-t-il poursuivi, en soulignant que « des enfants innocents sont contraints d’adopter des identités de victimes ou d’oppresseurs uniquement sur la base de la couleur de leur peau et d’autres caractéristiques immuables ».

Transformer la prison de Guantanamo en centre géant de rétention pour 30 000 exilés sans papiers

« Je vais signer aujourd’hui un décret demandant de préparer un centre pour 30 000 migrants à Guantanamo Bay », a déclaré, mercredi 29 janvier, le président américain depuis la Maison Blanche.

Il prévoit de porter à « pleine capacité » un centre de rétention de migrants déjà existant sur la base pour y enfermer « des criminels étrangers présents de manière illégale » sur le territoire américain.

« Sous forme d’acte brutal, le nouveau gouvernement américain annonce la détention à la base navale de Guantanamo, située en territoire cubain illégalement occupé, de milliers de migrants qu’il expulse de force », a vivement réagi sur X le président cubain Miguel Diaz-Canel. Celui-ci a également souligné que ces sans-papiers seraient détenus à côté de « prisons connues pour leur torture et détention illégale » de détenus accusés de terrorisme.

Le symbole de la prison de Guantanamo n’est pas anodin. Ce bagne symbolise l’arbitraire de la lutte contre le terrorisme décrétée par George W. Bush en 2001, au lendemain des attentats du World Trade Center. Les conditions de détention y sont extrêmes, pouvant même aller jusqu’à la torture.

Les récits d’ex-prisonniers racontent les mauvais traitements infligés pendant les interrogatoires, comme la privation de sommeil, ou le fait que des détenus en grève de la faim aient été nourris de force, via une sonde introduite dans le nez. Neuf hommes y sont morts en détention, selon un décompte du New York Times. Aujourd’hui, il reste 15 prisonniers à Guantanamo.

En septembre dernier, le New York Times avait révélé, via des documents gouvernementaux, que Guantanamo Bay était utilisée depuis des décennies par les États-Unis pour incarcérer certains exilés interceptés en mer. Selon le journal américain, les personnes, au nombre de 37 entre 2020 et 2023, y sont placées en détention dans un espace séparé de la prison pour les détenus accusés de terrorisme.

Les exilés y ont subi des conditions inhumaines. Des témoignages ont ainsi révélé qu’ils sont surveillés lorsqu’ils appellent un avocat, et que des rats sont attirés par les conditions d’hygiène déplorables du lieu.

Des exilés en situation irrégulière qui ont été condamnés ou inculpés pour certains délits en détention automatique

Donald Trump a aussi ratifié, ce mercredi 29 janvier, la première loi votée depuis son investiture le 20 janvier. Le texte requiert la détention automatique par les forces de l’ordre fédéral d’exilés en situation irrégulière qui ont été condamnés ou inculpés pour certains délits – allant du vol à l’étalage à des violences contre un policier.

Ce texte prévoit la détention automatique d’étrangers en situation irrégulière s’ils ont été condamnés ou poursuivies pour certains crimes et délits. Il porte le nom de Laken Riley, étudiante de 22 ans tuée par un Vénézuélien en situation irrégulière, instrumentalisant ainsi un drame pour appliquer sa politique xénophobe et nationaliste.

L’administration Trump a voulu couper les aides publiques fédérales aux États-Unis, mais a dû reculer devant le tollé

Le gouvernement de Donald Trump a dû faire marche arrière sur une mesure de gel des aides publiques fédérales. Le point de départ est un mémo publié tard lundi soir par la Maison-Blanche, demandant aux ministères et agences fédérales de geler une partie des dépenses « d’assistance » – subventions et allocations notamment – et d’en faire une revue d’ensemble afin de s’assurer de leur conformité avec « les priorités présidentielles ».

Cela concernait potentiellement des centaines, voire des milliers de milliards de dollars irriguant tout le pays, et bénéficiant aux personnes âgées, aux familles démunies ou encore aux anciens combattants.

Mais un rétropédalage a eu lieu. L’Office du budget rattaché à l’exécutif américain a envoyé à tous les ministères et à toutes les agences fédérales une note indiquant que ce premier mémo n’était plus valide.

Mais la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt a elle assuré que le projet initial du président, à savoir interrompre les financements qui ne répondent pas à ses priorités, restait « totalement en vigueur ».

Comme l’explique France Inter, le gel pour 90 jours de l’aide internationale n’est, lui, pas remis en question, malgré des exceptions, comme l’aide à Israël et à l’Égypte. L’aide civile à l’Ukraine est en revanche coupée et les ONG qui en bénéficiaient, au profit des anciens combattants ou des mutilés de guerre, sont déjà pénalisées.

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