Depuis sa réplique à Bernard Arnault et aux autres grands patrons opposés à toute hausse de la fiscalité, la secrétaire générale de la CGT est sous le feu des attaques.

© Sebastien DUPUY / AFP
Sophie Binet a simplement assumé son rôle de secrétaire nationale de la CGT. Tout débute par la plainte du milliardaire Bernard Arnault, ulcéré à l’idée de payer des impôts en France. « Je reviens des États-Unis et j’ai pu voir le vent d’optimisme qui régnait dans ce pays, a-t-il ainsi lancé le 28 janvier 2025, de retour de l’investiture du président Donald Trump. Et quand on revient en France, c’est un peu la douche froide. » Et ce, alors que le « fleuron » tricolore a distribué la bagatelle de 6,9 milliards d’euros à ses actionnaires sur l’année écoulée tout en étant de moins en moins implanté en France, avec seulement 18 % de ses effectifs totaux basés dans l’Hexagone, contre 24 % en Asie ou 22 % en Europe.
Invitée à réagir aux propos du patron de LVMH, Bernard Arnault, au micro de RTL, la dirigeante syndicale a fustigé, le 31 janvier 2025, les prises de position du milliardaire : « Ces propos sont à l’image du comportement des grands patrons aujourd’hui qui coulent le pays, ils n’en ont plus rien à faire de la France, de l’intérêt général. Leur seul objectif, c’est l’appât du gain, les rats quittent le navire. »
« Les licenciements se multiplient »
De même, Sophie Binet en a profité pour remettre en cause la politique libérale d’Emmanuel Macron, alors que « jamais, en France, les entreprises n’ont payé aussi peu d’impôts ». La secrétaire nationale de la CGT l’a répété : « Jamais les aides aux entreprises n’ont été aussi élevées. C’est quasiment 200 milliards chaque année et pour autant, les licenciements se multiplient avec une situation catastrophique. »
Ces prises de position ont suffi pour que l’extrême droite se lance dans une cabale à son encontre. Mardi 28 janvier, le mouvement patronal Ethic, de Sophie de Menthon, a annoncé le dépôt d’une plainte, via l’avocat Gilles-William Goldnadel… pilier de la chaîne du groupe Bolloré, CNews. Le dimanche suivant, le président du Rassemblement national Jordan Bardella s’est emporté au détour d’un meeting : « Nos grandes entreprises sont mondialement reconnues et portent haut le drapeau tricolore. Honte à Sophie Binet, la révolutionnaire marxiste du boulevard Saint-Germain (sic). »
La cégétiste, qui dénonçait dès septembre l’actuelle vague de licenciements malgré les 260 milliards d’aides publiques aux entreprises et les près de 100 milliards distribués en dividendes et rachats d’actions en 2024 par le CAC 40, n’avait pourtant fait que constater que ces grands patrons « n’en ont plus rien à faire de la France et de l’intérêt général ».
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