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À Lyon, la gauche écologiste au défi de la désunion

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Le maire de Lyon, Gréogry Doucet, est crédité de 22% d’intentions de vote contre 11% pour le PS et LFI.
Le maire de Lyon, Gréogry Doucet, est crédité de 22% d’intentions de vote contre 11% pour le PS et LFI. JEFF PACHOUD / AFP

À un an des élections municipales, les différentes forces de gauche de la majorité lyonnaise affichent des volontés d’indépendance pour le premier tour. Au risque de désagréger la majorité municipale et de fragiliser leur camp.

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Et si la principale menace pour les Verts en 2026 venait de leur propre camp. Les derniers résultats des différents scrutins ont confirmé, d’élection en élection, l’implantation de la gauche à Lyon. Mais la majorité Nouveau front populaire (NFP) montre des signes de dissensions à un an des municipales. De LFI au PS, les partenaires des écologistes commencent à montrer les muscles et laissent se propager l’idée de listes autonomes pour briguer la mairie de Lyon. Ce qui a récemment poussé plusieurs élus lyonnais issus de différentes formations à signer, en leur nom, un communiqué commun d’appel à l’union.

Cette initiative fait suite à celle de l’élu Insoumis Laurent Bosetti, adjoint chargé de la promotion du Service public de Grégory Doucet, qui a publiquement demandé à ses amis de faire front commun en 2026. Immédiatement recadré par Anaïs Belouassa-Cherifi députée de la 1re circonscription du Rhône, a qui l’on prête des intentions municipales, alimentées par une forte présence sur le terrain. «Les propos de Laurent Bosetti n’engagent que lui. Merci de respecter les insoumis lyonnais qui construisent ensemble leur stratégie municipale. En politique, les aventures solitaires se terminent dans la solitude». Pas la meilleure illustration d’un front commun.

En coulisses, la stratégie hexagonale de LFI, qui consiste à cibler de nombreux fiefs de gauche, pèse sur les relations entre élus locaux et nationaux, indique Laurent Bosetti. «Localement nous appelons à l’union sur la base d’un programme commun et dans le respect de nos forces politiques. Mais les relations de nos mouvements nationaux, qui changent au gré des calendriers des uns et des autres, sont un élément déstabilisant», concède-t-il. Une parole qui dérange du côté des deux députés insoumis lyonnais et villeurbannais, très proches de Jean-Luc Mélenchon, Anaïs Belouassa-Cherifi et Gabriel Amard qui ciblent personnellement Laurent Bosetti. «Nous avons des réunions une fois par mois à Lyon et il n’a jamais été là pour porter cette parole», tacle la première.

Le PS cherche à retrouver sa place au soleil


Côté Parti socialiste, l’ambiance semble plus sereine en interne, mais l’ancien parti leader de la gauche cherche, aujourd’hui, à retrouver un peu de la place qui était la sienne sous Gérard Collomb, ragaillardi par les derniers scrutins nationaux. «Les écologistes crispent et finalement la candidature de Jean-Michel Aulas  est le réceptacle de ce mécontentement. Pourquoi ne pourrions-nous pas mettre plus en avant nos ambitions et nos projets pour Lyon», assume déjà Sandrine Runel, député de la 4e circonscription du Rhône qui a fait basculer ce territoire à gauche pour la première fois en 2024. L’ancienne adjointe aux Solidarités de Grégory Doucet assure toutefois que «quoi qu’il arrive, si l’on part seul au premier tour, nous serons au deuxième tour ensemble». Sur le fond, PS et LFI demandent, par exemple, à temporiser sur le «volet punitif» de la zone à faibles émissions (ZFE), comme Gabriel Amard d’ailleurs.

Dans la majorité actuelle, d’aucuns assurent pourtant «que l’ambiance est très bonne» entre tous les élus. Chacun regarde les ambitions socialistes et insoumises avec une certaine prudence. «Oui, il s’agit certainement d’un rapport de force, si ce n’est que ça, il faudra un jour le dépasser et se dire : “Soyons respectueux des uns des autres, trouvons un équilibre mais voyons la direction que nous voulons pour la ville et la métropole”», tempère Gautier Chapuis, adjoint EELV à la biodiversité.

D’autres regardent, presque moqueurs, cet appétit naissant pour Lyon de leurs alliés d’hier. «Certains ont peur de se faire déborder par leurs militants et élus qui sont très heureux avec l’équipe en place. Nous sommes à un an des élections alors ils jouent le rapport de force. Ce n’est pas illogique, si tu ne dis pas aujourd’hui “j’y vais seul”, tu n’as aucune marge de négociation derrière est tu es à poil pour peser», tranche un observateur de la gauche locale.

Le risque d’une «Collomb à l’envers»

À Lyon, tout le monde pousse son pion car les rapports de force électoraux ont changé. Les marches pour le climat et la vague verte qui s’est ensuivie sont loin. «Oui, les équilibres actuels ne sont pas les mêmes et nous ne pourrons pas être aussi minoritaires qu’en 2020 mais je me méfie aussi des résultats de scrutin qui sont très volatils. Oui, le PS va mieux mais je refuse de tomber dans le piège de nous penser redevenus centraux», remarque Cédric Van Styvaendel, maire PS de Villeurbanne et vice-président à la métropole.

Si les récents scrutins ont toujours placé la gauche en tête dans la capitale des Gaules, tous n’ont pas été emportés par le même parti. «Le bloc de gauche est solide et stable. Mais nos destins sont liés. On voit qu’il y a un vote stratège de l’électeur de gauche qui place en tête celui qui a le plus de chance de porter sa voix», analyse Gautier Chapuis. Et d’ajouter : «À chaque fois que l’on a gagné, nous étions ensemble. Et quand on est ensemble, ça marche dans les urnes et sur le terrain. Ne regardons pas les virgules qui nous séparent mais ce que l’on a en commun».

À gauche, on craint une «Collomb à l’envers» en 2026 en cas de majorité éclatée au premier tour. «Il y a quelque part un nationalisme identitaire boutiquier dans chaque mouvement politique, on a envie les uns et les autres d’être pur et parfait par rapport aux intérêts de son parti et de son programme. Chacun pense qu’il va faire mieux que les autres. Plutôt que de regarder l’intérêt supérieur de la gauche», déplore Laurent Bosetti.

Le sondage commandé par Jean-Michel Aulas pour tester sa candidature a apporté un peu d’eau au moulin des écologistes qui écrasent la course pour le moment dans leur camp avec 22% d’intentions de vote contre 11% pour le PS et LFI. Une enquête d’opinion qui montre toutefois que l’avantage du bloc NFP (44%) est friable face à une possible alliance de la droite et du centre (43%). «Ça montre que l’on n’a pas le luxe de se compter», martèle Laurent Bosetti. D’autres voient dans l’ancien président de l’OL le meilleur adversaire possible. «Aulas est le meilleur moyen pour poursuivre le travail de notre majorité», poursuit-on du côté de l’hôtel de ville. L’arrivée de Jean-Michel Aulas pourrait avoir l’effet mécanique d’unir une droite et un centre en mal d’incarnation et obliger la gauche à se serrer les coudes face à un adversaire bien identifié.

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9 commentaires
  • Sergio I

    le

    qu'ils se séparent!

  • Zutdezut

    le

    Pourquoi cet article ?

  • Petrocichi

    le

    Ca c est bon.

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